Un Fil à la Patte
de Georges Feydeau - Compagnie Viva
France
Il veut rompre avec sa scandaleuse maîtresse pour épouser une riche héritière : c’est sans compter les prouesses de Feydeau pour entortiller les situations ! Le coup de jeune de la compagnie Viva, réveille un auteur qui n’attendait que cela.
Le spectacle plonge à corps perdu dans le Feydeau que l’on aime : parce qu’il veut épouser une riche héritière, Bois d’Enghien fait tout pour se débarrasser de sa maîtresse, une chanteuse de café-concert scandaleuse, Lucette Gautier. Un décor rouge passion, un rythme effréné pour que tout s’emmêle au mieux : nous voilà au coeur de l’action qui dérape pour mieux nous divertir. De lâchetés en mensonges, il va s’enfoncer dans une situation inextricable et créer de savoureux moments avec, en prime, une galerie de personnages cocasses et décalés.
Dans un théâtre français qui atteint alors un point de perfection rare, où les rivalités entre auteurs s’exacerbent, Feydeau évolue avec une troublante facilité : sa précocité, son travail acharné et sa quête de gaieté concourent à l’immensité de son talent. Ce vaudeville est l’un des plus connus et il bénéficie d’un coup de fouet vivifiant, grâce au talent des neuf comédiens de la compagnie Viva. Le metteur en scène tire volontiers sur ce fil à la patte, pour rire et faire rire, tout simplement. Cette merveille comique de la fin du XIXe siècle lui a inspiré l’hommage que l’on doit à un génie : « Feydeau demande précision, rythme, et surtout un engagement total dans les situations – rien de plus attristant que de voir un Feydeau où les comédiens prennent les situations à la légère, pensant faire rire – Non ! Feydeau demande plus que ça, il nous livre une machine parfaitement construite, équilibrée, où il n’y a rien à enlever, ni à ajouter. Mais cette horlogerie comique ne tient que si les comédiens y mettent une totale sincérité et un intense engagement émotionnel. »
Chose faite. Et l’on rit de bon coeur de ce qui nous terrifie : les bassesses et les médiocrités humaines, les petits refuges où l’on s’engouffre quand on perd le contrôle de sa vie. Au pied du mur, les personnages n’ont d’autre choix qu’une férocité mutuelle, laquelle agit comme une déflagration comique. « Pas de grandeur chez Feydeau, ses personnages balayent toute morale, toute éthique, toute valeur pour leur propre intérêt. » Le cadre de la haute société de la Belle Époque n’éclaire que davantage la survenue inopinée de notre férocité animale. « Comment ne pas y voir alors un écho à la célèbre devise que les comédiens italiens accrochaient au frontispice de leur théâtre : Castigat Ridendo Mores (la comédie châtie les moeurs en riant). » Et notre époque, pas si belle, a tout à y puiser aussi !
La compagnie Viva
En 2002, Anthony Magnier crée la compagnie Viva et entreprend d’explorer la modernité des grands textes du répertoire, tout en les partageant avec un large public. En se réappropriant la langue théâtrale, les travaux de traduction et d’adaptation, mais aussi grâce à des choix techniques et plastiques, la compagnie s’interroge sur la transmission des oeuvres classiques au public contemporain.
Au rythme d’une création par an, elle est présente chaque année au Festival d’Avignon et joue près de 150 représentations par an dans toute la France.
À savoir
> Grand Prix du Jury et Prix du Jury Jeunes au festival d’Anjou 2014.
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